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  • NTIC et menaces sur la santé : Des choix économiques et politiques. Partie 2

    Petit mot sur l’autrice : Servane Mouton est docteure en médecine, neurologue et neurophysiologiste, spécialisée en psychopathologie des apprentissages et titulaire d’un master 2 en neurosciences. Elle s’intéresse particulièrement au neuro-développement normal et à ses troubles ainsi qu’aux liens entre santé et environnement. Ceci est le second article traitant du sujet NTIC et menaces sur la santé, le premier étant au lien disponible ici. Elle aborde pour nous le sujet des choix économiques et politiques intervenant dans ces sujets et leur impact sur la santé en lien avec les NTIC. Ikram Chraibi Kaadoud, Thierry Viéville.

    Le déploiement d’internet dans les années 1990, l’arrivée des smartphones en 2007 et plus récemment, les confinements successifs liés à la pandémie COVID 19 en 2020, se sont accompagnés d’une véritable explosion des temps d’écran et ce dès le plus jeune âge.  Pour accompagner ce changement d’usage, des recommandations ont été mises en place, mais ne semblent pas suffisantes car déjà remises en question: elles ne tiendraient pas compte de tous les enjeux en présence, à savoir d’ordre sanitaire pour l’espèce humaine, mais aussi environnemental, et, finalement, sociétal. 

    Si dans le premier article, le Dr Servane Mouton abordait l’impact des NTIC sur la sédentarité, le sommeil, et la vision et plus globalement sur le développement des enfants, dans l’article ci dessous elle questionne et nous partage des propositions d’actions pour accompagner et contrôler l’impact des NTIC dans nos vies.

     NTIC : 

    Sigle désignant « Nouvelles technologies de l’information et de la   communication » qui regroupe  l’« ensemble des techniques et des équipements informatiques permettant de communiquer à distance par voie électronique » (Dictionnaire Larousse). Les NTIC permettent à leurs utilisateurs d’accéder aux sources d’information, de les stocker, voire de les transmettre à d’autres utilisateurs dans un délai très court.

    Definition extraite de Grevisse, Y. R. DE LA FALSIFICATION ELECTRONIQUE DES DOCUMENTS DANS LE SECTEUR EDUCATIF EN RDC: les enjeux des NTIC. Technological Forecasting & Social Change77, 265-278. 

    Figure 1 – Proposition d’actions pour la régulation de l’usage des NTIC

    Une attention manipulée

    Revenons aux usages actuels : comment sommes-nous arrivés à de tels excès ? En grande partie à cause de l’essor non réglementé de l’économie de l’attention. Les industriels du secteur, réseaux sociaux, jeux vidéo et autres activités récréatives et/ou commerciales en ligne, cherchent à augmenter le temps de connexion afin notamment de recueillir le plus possible de données de navigation qui seront ensuite sources de profits.  La conception des algorithmes repose sur une connaissance fine du fonctionnement cérébral, ce qui rend (quasiment) irrésistibles les contenus de ces plateformes proposés « gratuitement ». La stimulation du système de récompense par la nouveauté ou les gratifications, les effets de « simple exposition » et de « dotation », la pression sociale, la « Fear Of Missing Out », sont des leviers parmi d’autres pour capter et maintenir captive notre attention. On ne parle officiellement d’addiction que pour les jeux vidéo en ligne et les jeux d’argent, les termes « addictif-like », usages « abusifs » ou « compulsifs » sont employés pour les autres produits1.

    Somme toute, il nous semble que l’histoire du tabac se répète : des produits addictifs ou addictifs-like sont mis à disposition de tous y compris des mineurs, et leur usage a des effets délétères multiples et avérés sur la santé à court, moyen et long terme. Avec les NTIC, les dégâts sont cependant bien plus diffus. Et les parties prenantes bien plus nombreuses.

    Il y a bien entendu les GAFAM et autres acteurs du secteur. A ce titre, la numérisation croissante de l’enseignement, dès la maternelle, est une aubaine : outre l’immense marché représenté par les établissements scolaires, les habitudes prises dans l’enfance ont une forte chance/un haut risque de perdurer. L’écran fera ainsi partie intégrante de l’environnement de l’individu.

    Mais toutes les industries reposant sur la consommation (cf ci-dessus) : agro-alimentaire, alcool, cigarettes e-ou classiques, textiles, jeux et jouets, etc. ont aussi intérêt à laisser libre cours à l’invasion numérique. Les achats/ventes en ligne, les publicités officielles ou déguisées, ciblées grâce à l’analyse des données de navigation, permettent au marketing d’être redoutablement efficace.

    Quelques propositions

    Estimation des coûts des NTIC pour la santé publique

    Il serait intéressant, nécessaire même, d’évaluer les coûts en terme de santé des usages numériques. La souffrance n’a pas de prix…Mais il est sans doute possible d’estimer la part de responsabilité des NTIC dans les dépenses pour les consultations et traitements en orthophonie, en psychomotricité, en psychiatrie, en ophtalmologie, ou pour les maladies métaboliques et cardiovasculaires, les troubles du sommeil et ses conséquences multiples.

    Législation efficace quant de l’économie de l’attention, sécurisation de la navigation sur internet.

    L’économie de l’attention devrait être efficacement régulée, au vu des conséquences délétères multiples sur le plan sanitaire d’un usage excessif/abusif qu’elle favorise.

    Une législation similaire à celle ayant cours pour la recherche biomédicale devrait s’appliquer à la recherche-développement (RD) de ces produits, considérant qu’il s’agit de recherche impliquant des sujets humains, et de produits dont l’usage affecte leur santé eu sens large. On pourrait s’inspirer du Code de la Santé Publique, définissant par l’article L 1123-7 le Comité de Protection des Personnes (CPP) comme chargé « d’émettre un avis préalable sur les conditions de validité de toute recherche impliquant la personne humaine, au regard des critères définis.

    Il faudrait exiger la transparence du secteur des NTIC, rendant les données de navigation ainsi que les dossiers de RD de produits impliquant la captation de l’attention accessibles aux chercheurs indépendants et institutionnels.

    Protection des mineurs

    Sur internet, le code de la sécurité intérieure ne traite pas la question de la protection des mineurs sous l’angle de la prévention contre l’addiction, mais uniquement contre l’exposition à la pornographie, à la violence et à l’usage de drogues (article L. 321-10). Or les adolescents jouent massivement en ligne : 96% des 10-17 ans sont des joueurs, et ils représentent 60 % des joueurs en ligne français. Dans cette même classe d’âge, 70 % utilisent les réseaux sociaux. Ceci représente une exception dans le domaine de l’addiction. Pour mémoire, on estime que la seule industrie du jeu vidéo pesait 300 milliards de dollars en 2021…

    La navigation sur internet devrait être sécurisée : une ambitieuse proposition de loi est en cours d’examen au Sénat, concernant l’accès aux contenus pornographiques, les contenus pédopornographiques, le cyberharcèlement, l’incitation à la haine en ligne, la désinformation, les arnaques en ligne, les jeux à objets numériques monétisables. Elle inclut aussi l’interdiction de publicités ciblées pour les mineurs sur les plateformes. Espérons qu’une fois cette loi votée, les obstacles techniques robustes seront surmontés, rapidement.

    Une loi vient d’être promulguée, établissant la majorité numérique à 15 ans pour les réseaux sociaux. Ceci est un témoin de la prise de conscience des enjeux, et nous espérons qu’elle sera mise en application de façon efficiente, malgré les obstacles techniques considérables. Malgré tout, elle nous parait insuffisante : qu’en est-il des 15-18 ans ? Qu’en est-il des des jeux vidéo en ligne, dont le caractère addictif potentiel est pourtant lui reconnu par l’OMS ?

    On peut saluer le projet de loi visant la sécurisation et la régulation de l’espace numérique, qui prévoit que les mineurs ne seront plus l’objet de publicités ciblées. Malheureusement, ils ne seront pas protégés des publicités « classiques »…

    Témoin de l’intensité du lobbying de l’industrie agro-alimentaire, et des enjeux économiques sous-jacents, soulignons ainsi un détail qui n’en est pas dans une autre loi promulguée le 9 Juin dernier, portant sur les influenceurs des réseaux sociaux. Cette dernière va ainsi encadrer la promotion faite par ces derniers : ils n’auront plus le droit de vanter les boissons alcoolisées, le tabac, les e-cigarettes. Un amendement avait été apporté après la première lecture au Sénat, afin d’ajouter dans cette liste les aliments trop sucrés, salés, gras ou édulcorés, la publicité par les influenceurs étant particulièrement persuasive en particulier pour les plus jeunes. Les auteurs de l’amendement s’appuyaient d’une part sur une expertise collective de l’Inserm de 2017 concluant que les messages sanitaires (« manger, bouger » par exemple, note de l’auteur) ont une faible portée sur le changement des comportements alimentaires ; d’autre part sur le fait que de nombreux experts de santé publique, à commencer par l’OMS et Santé Publique France, ont démontré que l’autorégulation de  l’industrie agroalimentaire sur laquelle s’appuie la France (tels qu’un engagement volontaire en faveur de « bonnes pratiques ») est inefficace.

    Mais cet amendement a lui-même été amendé, laissant libre cours à cette publicité, comme sur les autres médias… Comme maintes fois auparavant, les tentatives pour préserver les moins de 18 ans de l’influence de ces publicités ont été écartées. Elles seront donc simplement assujetties aux mêmes règles que sur les autres supports, comme être accompagnées de messages promouvant la santé (manger-bouger, etc).

    L’argument, pourtant souligné par les auteurs de l’amendement : « Le coût global (en France) d’un régime alimentaire néfaste sur le plan diététique dépasse les 50 milliards d’euros par an, celui du diabète de type 2 représentant à lui seul 19 milliards d’euros. » n’a pas suffi…

    Globalement, la collecte des données de navigation des mineurs, qu’elles soient exploitées immédiatement ou lors de leur majorité (numérique ou civile) nous parait poser problème. Et que l’âge même de la majorité diffère dans les vies civile ou numérique (pour les données de navigation selon le Réglement Général de Protection des données (RGPD) et maintenant en France pour l’accès aux réseaux sociaux, cette majorité numérique est à 15 ans) nécessiterait des éclaircissements au vu des enjeux précédemment exposés (et de de ceux que nous n’avons pu détailler).

    Il nous semble que tant qu’une législation vis-à-vis des pratiques des industriels n’est pas efficiente pour protéger les usagers de ces risques, la vente et l’usage de smartphone et autres outils mobiles à ou pour les mineurs devrait être remise en question, de même que leur accès aux plateformes de réseaux sociaux et de jeux vidéo en ligne.

    L’épineuse question de l’enseignement

    En 2022, le Conseil Supérieur des Programmes du Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports soulignait les disparités de valeur ajoutée de l’usage des outils numériques dans l’enseignement selon les matières, les enseignants, le profil des élèves aussi. Il recommandait notamment 2 : « avant l’âge de six ans, ne pas exposer les enfants aux écrans et d’une manière générale à l’environnement numérique ; de six à dix ans, à l’école, privilégier l’accès aux ressources offertes par le livre, le manuel scolaire imprimé. » Pourtant, l’état français soutient encore financièrement et encourage fortement la numérisation des établissements scolaires dès l’école primaire, et même, en maternelle. Tandis que la Suède a fait cette année marche arrière sur ce plan-là, attribuant études à l’appui la baisse des résultats de leurs élèves (que l’on observe également en France) à la numérisation extensive de l’enseignement effectuée au cours des dernières années, et préconisant le retour aux manuels scolaires papier. Considérant en outre les arguments sanitaires cités précédemment et l’impact environnemental avéré des NTIC, leur usage par les élèves et leur déploiement dans les écoles, collèges et lycées devrait être réellement et mieux réfléchi. Par ailleurs, les smartphones devraient être exclus de l’enceinte des établissements scolaires, afin d’offrir un espace de déconnexion et d’éviter de favoriser les troubles attentionnels induits par leur seule présence, même lorsqu’ils sont éteints.

    Campagne d’information à grande échelle

    Les enjeux sont tels qu’une information de l’ensemble de la population apparait urgente et nécessaire, sur le modèle « choc », par exemple, de la prévention de la consommation d’alcool. Le sujet devrait être abordé dès le début de grossesse, cette période étant généralement celle où les futurs parents sont les plus réceptifs et les plus enclins à remettre en cause leurs pratiques pour le bien de l’enfant à venir. La formation des soignants, professionnels de l’enfance, et des enseignants est indispensable, devant s’appuyer sur les données les plus récentes de la littérature scientifique.

    Protection des générations futures

    L’étendard de la croissance est systématiquement brandi lorsque l’on incite à reconsidérer la pertinence du déploiement du numérique. Mais il est aujourd’hui reconnu largement qu’une croissance infinie n’est ni raisonnable ni souhaitable dans notre écosystème fini.

    Or les NTIC sont tout sauf immatérielles. Leurs impacts environnementaux sont directs et indirects 3,4. Les premiers sont essentiellement dus à la phase de fabrication des terminaux : extraction des matières premières associée à une pollution colossale des sites dans des pays où la législation est quelque peu laxiste (Afrique, Chine, Amérique du Sud notamment) et des conséquences dramatiques en particulier pour les populations voisines et les travailleurs locaux (conditions de travail déplorables, travail des enfants), acheminement des matériaux. Mais aussi à leur fonctionnement et au stockage des données, au recyclage insuffisant (pollution eau/sol/air, consommation d’eau et d’énergie). Les seconds sont consécutifs au rôle central des NTIC dans la « grande accélération », avec encouragement des tendances consuméristes. Ils sont plus difficilement estimables et probablement les plus problématiques.

    Il est entendu que la santé humaine est étroitement liée à la qualité de son environnement, et que l’altération de celui-ci la compromet, comme elle compromet tout l’écosystème.

    Certes la médecin a progressé considérablement, notamment parallèlement aux innovations technologiques s’appuyant sur le numérique. Mais, nous avons au moins le droit de poser la question : ne vaut-il pas mieux œuvrer à améliorer notre hygiène de vie (sédentarité, activité physique, alimentation) et notre environnement (pollution atmosphérique, perturbateurs endocriniens) pour entretenir notre santé cardiovasculaire, que développer des instruments sophistiqués permettant d’explorer et de déboucher une artère, à grand coût économique et environnemental ? Instruments qui ne bénéficieront qu’à une minime fraction de la population mondiale, celle des pays riches ou aux classes aisées des pays qui le sont moins. Et le coût environnemental est justement assumé majoritairement par les pays les plus pauvres, dont sont issus les matières premières et où ont lieu le « recyclage » et le « traitement » des déchets.

    En résumé

    Les innovations portées par les NTIC ont un fort potentiel de séduction voire de fascination. Ne pas rejoindre sans réserve la révolution numérique ferait-il de nous des technophobes réfractaires au progrès ? Et si au contraire il était temps de prendre conscience des dangers et écueils liés à un déploiement extensif et non réfléchi de ces technologies ?

     Références bibliographiques

    1. Montag C, Lachmann B, Herrlich M, Zweig K. Addictive Features of Social Media/Messenger Platforms and Freemium Games against the Background of Psychological and Economic Theories. International Journal of Environmental Research and Public Health. 2019 Jul 23;16(14):2612.
    2. Avis sur la contribution du numérique à la transmission des savoirs et à l’amélioration des pratiques pédagogiques – juin 2022. Conseil Supérieur des Programmes, Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports
    3. Impacts écologiques des Technologies de l’Information et de la Communication – Les faces cachées de l’immatérialité. Groupe EcoInfo, Françoise Berthoud. EDP Sciences. 2012.
    4. Le numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie (NumEU) – Green IT. 2021.

     

  • NTIC: Etat des lieux en France et conséquences sur la santé physique. Partie 1

    Petit mot sur l’autrice : Servane Mouton est docteure en médecine, neurologue et neurophysiologiste, spécialisée en psychopathologie des apprentissages et titulaire d’un master 2 en neurosciences. Elle s’intéresse particulièrement au neuro-développement normal et à ses troubles ainsi qu’aux liens entre santé et environnement. Elle nous partage dans ce billet une analyse sur l’impact des NTIC sur la santé physique des enfants au travers de trois aspects des enjeux de santé individuelle et publique à court, moyen et long terme : la sédentarité, le sommeil, et la vision. Ikram Chraibi Kaadoud, Thierry Viéville.

    Le déploiement d’internet dans les années 1990, l’arrivée des smartphones en 2007 et plus récemment, les confinements successifs liés à la pandémie COVID 19 en 2020, se sont accompagnés d’une véritable explosion des temps d’écran et ce dès le plus jeune âge. Car à côté de la numérisation croissante de tous les secteurs d’activité – à savoir en santé, éducation, mais aussi agriculture, transports, journalisme, etc – les populations des pays connectés font surtout massivement usage des écrans pour leur divertissement.  

     NTIC : 

    Sigle désignant « Nouvelles technologies de l’information et de la   communication » qui regroupe  l’« ensemble des techniques et des équipements informatiques permettant de communiquer à distance par voie électronique » (Dictionnaire Larousse). Les NTIC permettent à leurs utilisateurs d’accéder aux sources d’information, de les stocker, voire de les transmettre à d’autres utilisateurs dans un délai très court.

    Definition extraite de Grevisse, Y. R. DE LA FALSIFICATION ELECTRONIQUE DES DOCUMENTS DANS LE SECTEUR EDUCATIF EN RDC: les enjeux des NTIC. Technological Forecasting & Social Change77, 265-278.

    Le tableau 1 ci dessous présente les recommandations actuelles de temps d’écran, qui sont discutables et les usages tels qu’ils sont observés aujourd’hui. Force est de constater que l’écart est considérable.  Ces recommandations devraient être remises en question, car elles ne tiennent à notre sens pas compte de tous les enjeux en présence. Ceux-ci sont d’ordre sanitaire pour l’espèce humaine, mais aussi environnemental, et, finalement, sociétal.

    Il n’est pas possible de détailler ici chaque question de chacun de ces trois volets (nous en avons proposé un tour d’horizon non exhaustif dans un ouvrage collaboratif récemment publié Humanité et Numérique : les liaisons dangereuses, Editions Apogée) 1.

    Nous vous proposons de nous attarder sur trois aspects des enjeux de santé individuelle et publique à court, moyen et long terme : la sédentarité, le sommeil, et la vision. Les conséquences neuro-développementales et socio-relationnelles de l’usage des écrans par les parents en présence de l’enfant, ou par l’enfant et l’adolescent lui-même, nécessiteraient un billet dédié.

    TABLEAU 1 – Temps d’écran par appareil et global en fonction de l’âge en France, Recommandations.
    Etude IPSOS pour l’Observatoire de la Parentalité et de l’Education au Numérique et l’Union Nationale des Familles 2022. * Anses. 2017. Etude individuelle nationale des consommations alimentaires 3 (INCA 3).** Reid Chassiakos YL, Radesky J, Christakis D, Moreno MA, Cross C; COUNCIL ON COMMUNICATIONS AND MEDIA. Children and Adolescents and Digital Media. Pediatrics. 2016 Nov;138(5).*** L’OMS publie les premières lignes directrices sur les interventions de santé numérique. Communiqué de presse. Avril 2019. https://www.who.int/fr/news/item/17-04-2019-who-releases-first-guideline-on-digital-health-interventions

    Sédentarité, troubles métaboliques et santé cardiovasculaire (Figure 1)

     

    Figure 1 – Liens entre usage des écrans, maladies métaboliques et cardiovasculaires

    Le temps passé assis devant un écran pour les loisirs est depuis une quarantaine d’années l’indicateur le plus utilisé dans les études pour évaluer la sédentarité chez les personnes mineures. Pour les adultes, on utilise souvent des questionnaires tels le Recent Physical Activity Questionaire, explorant toutes les activités sédentaires (temps passé devant les écrans, mais aussi dans les transports, au travail etc.)

    Or la sédentarité est un facteur de risque cardio-vasculaire indépendant, qui elle-même favorise le développement des autres facteurs de risque que sont le surpoids voire l’obésité et le diabète de type2.  Notons que la sédentarité augmente la mortalité toutes causes confondues, ceci n’étant pas entièrement compensé par la pratique d’une activité physique modérée à intense.

    L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande aujourd’hui de ne pas exposer les enfants aux écrans avant deux ans2, puis une heure quotidienne maximum jusqu’à 5 ans (mais moins, c’est mieux « less is better »!). Au-delà et jusqu’à jusqu’ à 17 ans, les activités sédentaires ne devraient pas excéder 2 heures chaque jour. Pour cette tranche d’âge, l’Académie de Pédiatrie Américaine (AAP) fixe à 1h30 le seuil de sécurité, des effets délétères étant déjà significatifs dès 2h/j3.

    Les Français de plus de 11 ans passent 60% de leur temps libre devant un écran. L’âge moyen d’obtention du premier téléphone est 9 ans.

    Alors qu’en France l’exposition aux écrans est déconseillée pour les moins de 3 ans, une étude IPSOS-UNAF publiée en 20224 estimait le temps moyen passé devant la télévision à 1h22 et celui devant un smartphone à 45 minutes chaque jour dans cette tranche d’âge. Cette enquête ne fournissant pas les temps d’écrans globaux quotidiens, voici des chiffres publiés dans un rapport de l’ANSES (Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail) en 20175, qui sous-évaluent très certainement les pratiques actuelles « post-COVID 19 » : le temps d’écran moyen était d’environ 2 heures chez les 3-6 ans, 2h30 chez les 7-11 ans, 3h30 chez les 11-15 ans, quasiment 5 heures chez les 15-17 ans, idem chez les adultes.  Les deux tiers des 7-10 ans et la moitié des 11-14 ans y consacraient plus de 3 heures par jour, un quart des 15-17 ans plus de 7 heures et seulement un tiers moins de 3 heures. Plus le niveau socio-éducatif des parents est élevé, moins l’enfant est exposé aux écrans.

    Les adultes passent eux environ 5 heures devant un écran chaque jour en dehors du travail, 84% d’entre eux sont considérés comme sédentaires.

    Ceci a conduit les auteurs des rapports publiés en 20166 et 20207 par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à conclure, parlant de la sédentarité et de l’activité physique chez les moins de 18 ans : « il n’est pas fréquent, dans les résultats des expertises en évaluation de risques de l’agence, que près de la moitié de la population est considérée comme présentant un risque sanitaire élevé ».

    Mais les outils numériques sont aussi le support de choix pour la publicité, notamment pour les aliments à haute teneur en graisse, sucre et sel, dont la consommation favorise hypertension artérielle, diabète, surpoids et obésité, hypercholestérolémie, tous étant des facteurs de risque cardio-vasculaires8. On y rencontre aussi la promotion de boissons alcoolisées9, du tabac et des e-cigarettes10, que les publicités soient officielles ou que ces produits soient valorisés dans les films, les séries, ou par les influenceurs. L’analyse des données de navigation permet de présenter des publicités d’autant plus efficaces qu’elles sont ciblées. La puissance de tels algorithmes est bien reconnue11.

    L’usage des écrans tel qu’il est observé aujourd’hui favorise donc la survenue de maladies cardio-vasculaires. Rappelons que les maladies cardiovasculaires sont actuellement la première cause de mortalité dans le monde selon l’OMS et que leur prévalence ne cesse d’augmenter12.  En France, elles sont responsables de 140.000 décès par an, et 15 millions de personnes sont soignées pour un problème de santé cardio-vasculaire (c’est-à-dire un facteur de risque ou une maladie vasculaire). Les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC) et les maladies coronariennes, dont l’infarctus du myocarde sont les plus fréquentes. En France, toujours, une personne est victime d’un AVC toutes les 4 minutes, soit près de 120.000 hospitalisations par an, auxquelles s’ajoutent plus de 30.000 hospitalisations pour accident ischémique transitoire (AIT). Les AVC sont la deuxième cause de mortalité après les cancers, ils sont ainsi responsables de près de 40.000 décès par an en France. Ils sont aussi la première cause de handicap acquis chez l’adulte, et la deuxième cause de démence (après la maladie d’Alzheimer). Concernant les maladies coronariennes, environ 80 000 personnes présentent un infarctus du myocarde en France chaque année, 8.000 en décèdent dans l’heure, 4. 000 dans l’année qui suit13.

    Outre les troubles métaboliques précédemment décrits (comportements sédentaires augmentant ainsi le risque d’obésité et des désordres métaboliques liés, et par conséquent le risque de maladies cardio-vasculaires à moyen et long terme), l’exposition prolongée aux écrans est depuis peu suspecte de modifier le tempo pubertaire (favorisant les avances pubertaires) 14.

    Sommeil

    Le sommeil n’est pas seulement un temps de repos mais un temps où les hormones et le métabolisme se régénèrent. Or l’usage excessif des écrans peut contribuer à la réduction du temps de sommeil ou à une altération de sa qualité, à tout âge d’autant plus que cet usage est prolongé, a lieu à un horaire tardif et/ou dans l’heure précédent l’endormissement théorique (soirée, nuit), que l’écran est placé à proximité immédiate des yeux et que les contenus sont stimulants. La présence d’un écran dans la chambre est associée à une altération quantitative et qualitative du sommeil. Ceci est particulièrement préoccupant chez les moins de 18 ans car les habitudes de sommeil s’installent dans l’enfance et une mauvaise hygiène sur ce plan est particulièrement susceptible de s’inscrire dans la durée.

    Les problèmes de santé favorisés par la dette chronique de sommeil sont multiples15 : troubles métaboliques tels que le surpoids ou l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires16  ; troubles de l’humeur et certaines maladies psychiatriques comme la dépression17 ; troubles cognitifs avec diminution des performances en termes de mémorisation, d’apprentissage et de vitesse d’exécution notamment ; développement de maladies neuro-dégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, possiblement via des mécanismes inflammatoires neuro-toxiques18 ; augmentation du risque accidentogène (accident de la vie courante, accident du travail), en particulier accidents de la circulation19 ; infections 20;  certains cancers, tel le cancer du sein21. De façon générale, la privation de sommeil chronique augmente le risque de mortalité22.

    Selon une enquête de l’Institut National de la Vigilance et du Sommeil (INVS) en 202223, 40% des enfants de moins de onze ans (60% des 6-11 ans) regardent un écran dans l’heure précédant l’endormissement. Pour 7% d’entre eux, il s’agit même du rituel accompagnant le coucher. Un enfant de moins de onze ans sur dix s’endort dans une pièce où un écran est allumé.

    Le même INVS établissait en 202024 que les adolescents français dorment en moyenne 7 h 45, dont moins de 7 h par nuit en semaine, au lieu des 8,5 à 9h de sommeil recommandées par la National Sleep Fondation. Seize pour cent des enfants de onze ans et 40 % de ceux de quinze ans ont un déficit de plus de 2h de sommeil par jour en semaine. Dès 11 ans, ils sont 25% à être équipés d’un téléviseur et 40% d’un ordinateur dans leur chambre, cette proportion passant à 1/2 et 2/3 respectivement pour les 15-18 ans.

    Une autre étude française réalisée chez 776 collégiens25 révèle que la plupart des adolescents utilisent leurs écrans pendant la nuit ce qui impacte la durée et la qualité de sommeil. Ces activités peuvent être initiées lorsqu’ils se réveillent spontanément pendant la nuit (73,9%) ; mais 26% de ces adolescents, programment un réveil en cours de nuit.

    La durée moyenne du sommeil chez les adultes de 18 à 65 ans est passée de 7h05 en semaine et 8h11 le week-end en 2016, à 6h41 en semaine et 7h51 le week-end en 2020. Le temps recommandé par la NSF est compris entre 7 à 9h. En 2022, 60% des adultes regardent un écran dans l’heure précédant l’endormissement (versus 38% en 2016 et 45% en 2020) et pour 23% d’entre eux, le temps d’exposition moyen est de plus d’une heure et demie.

    En 2016, selon l’enquête de l’INVS26, 20% des personnes interrogées gardent leur téléphone en fonctionnement pendant la nuit. Cinquante pour cent d’entre elles, soit 10% des personnes interrogées sont réveillées par des messages ou notifications.   Parmi elles, 92 % les consultent, 79 % y répondent immédiatement. En 2020, ce sont près du double de personnes (16 %) interrogées qui sont réveillées la nuit par des alertes.

    Selon le rapport de l’INVS de 2020 : « Pierre angulaire des difficultés de sommeil des enfants et des adolescents, les écrans sont aujourd’hui au premier plan des préoccupations des spécialistes ».

    Vision

    L’ANSES s’est penché sur la question des impacts de l’éclairage LED sur la santé et l’environnement, publiant un rapport édifiant en 201927. Parmi les impacts négatifs, l’usage des écrans peut ainsi compromettre le système visuel en favorisant l’apparition d’une myopie. Ceci est lié à la surutilisation de la vision de près au détriment de la vision de loin, mais surtout à l’exposition à un éclairage artificiel au détriment de celui à un éclairage naturel. Les écrans sont en effet utilisés à l’intérieur, éventuellement sous un éclairage artificiel, et sont eux-mêmes une source supplémentaire d’exposition à un tel éclairage (le caractère riche en bleu de la lumière artificielle serait un élément clé dans cet effet néfaste). Le temps passé par les enfants devant les écrans pour leurs loisirs est donc hautement préoccupant, car il se fait au détriment d’activités en plein air, auxquelles ils devraient s’adonner au minimum 2 heures chaque jour du point de vue ophtalmologique (selon le Baromètre de la myopie en France, 2022, seulement 36% des parents déclarent que leur enfant remplit cette exigence13). Aujourd’hui, une personne sur trois présente une myopie dans le monde, cela pourrait être une sur deux en 2050.

    De plus, cette lumière riche en bleu et pauvre en rouge a un effet phototoxique sur la rétine28. L’exposition aux sources lumineuses riches en lumière bleue telles les éclairages artificiels et les écrans a lieu le jour, mais surtout la nuit, moment où la rétine est plus sensible à cette phototoxicité.

    Aucune donnée n’est disponible quant aux effets à long terme d’une exposition répétée/chronique à ce type d’éclairage.

    L’utilisation intensive des écrans par la population jeune est préoccupante, car leur système visuel est moins protégé (transparence plus grande de leur cristallin laissant passer plus la lumière bleue que celui des adultes) et en développement, ce qui accroit largement ces risques.

    L’usage croissant des écrans dans le cadre scolaire participe à cette majoration du niveau d’exposition.

    Autres problématiques

    Citons en vrac, et sans prétendre à l’exhaustivité : la perturbation du développement cognitif, émotionnel et socio-relationnel induit par l’usage des écrans par les parents en présence de l’enfant29, les mêmes troubles  favorisés par l’exposition des enfants et adolescents aux écrans (rappelons que le cerveau mature jusqu’à 25 ans) 30, l’exposition aux contenus inappropriés (violence31, pornographie32), le cyber-harcèlement33, les défis sordides, l’hypersexualisation, la dysmorphie induite par les réseaux sociaux, la facilitation de la prostitution infantile (qui va croissante depuis plusieurs années) 34.

    Mais aussi l’enrichissement du « cocktail » de perturbateurs endocriniens auxquels les usagers sont exposés, certains composants des outils informatiques et numériques appartenant à cette catégorie (notamment les retardateurs de flamme bromés, très volatiles et les PFAS), ceci étant particulièrement problématique chez les jeunes enfants, les adolescents et les femmes enceintes ; et l’exposition aux rayonnements radiofréquences au sujet de laquelle des scientifiques du monde entier ont appelé en 2017 à appliquer le principe de précaution, arguant de l’absence d’étude d’impact préalable au déploiement de cette technologie (en vain) 35

    En résumé …

    … les impacts des NTIC sur la sédentarité, le sommeil, et la vision et plus globalement sur le développement cognitif, psychologique et socio-relationnel, ne sont pas encore précisément estimés. Cependant, ils  apparaissent déjà hautement préoccupants. Face a ce constat, une question se pose : Quelles sont les actions possibles à mettre en place pour y pallier  ? 

    Servane nous en parle dans la suite de ce billet à venir ! 

    Références bibliographiques

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