Catégorie : Informatique

  • L’informatique n’a pas besoin de grand frère

    L’informatique est clairement une science qui gagne à ne pas être isolée, qui s’enrichit de ses relations avec des disciplines voisines, ou moins voisines. Les exemples abondent où un travail commun a permis l’émergence de nouvelles questions, de scientifiques travaillant, découvrant autrement : ainsi l’interface entre l’informatique et la biologie a produit la bioinformatique, les travaux d’informaticiens et de linguistes ont permis l’émergence de la linguistique computationnelle ; de nombreux scientifiques s’appellent aujourd’hui géomaticiens, membres d’une nouvelle discipline fruit du mariage de l’informatique et de la géographie. Dans chacun de ces cas, le résultat est une discipline nouvelle, avec ses conférences, ses ouvrages de référence, son vocabulaire.

    Ces relations de co-production sont particulièrement enrichissantes et l’informaticien ne peut que s’estimer chanceux que sa discipline soit capable de co-fermenter autant de projets scientifiques collaboratifs nouveaux.
    Les relations mathématiques-informatique d’une part, sciences de l’ingénieur-informatique d’autre part, me paraissent relever d’une autre logique.

    Les conditions nécessaires à la naissance d’une nouvelle discipline n’ont pas cours, me semble-t-il. Plutôt que création de nouvelle discipline, il y a co-existence de disciplines, co-existence très positive, d’ailleurs !
    La comparaison qui me vient à l’esprit est avec une personne qui a une double nationalité : cette personne ne devient pas pour autant membre d’un nouveau groupe, elle se contente d’avoir la chance de bénéficier de deux cultures.

    De la même façon, tant mieux pour celles et ceux qui appartiennent à deux cultures scientifiques ! Ne réduisons pas cette richesse à vouloir les ranger dans une catégorie qui n’existera qu’administrativement.
    Or, le CNESER, principal organisme consultatif de l’enseignement supérieur, vient de voter une curieuse motion  dans laquelle on lit : « En témoignent des interventions venant quasiment de toutes les disciplines. Citons notamment les Mathématiques et l’Informatique, la Physique, les Arts, la Psychologie, l’Histoire ».  Le « et » ne souffre pas de la moindre ambigüité : pour le CNESER les mathématiques et l’informatique se fondent en une discipline unique ! Voilà comment, au détour d’une motion, se créerait une nouvelle discipline ?

    Le CNESER s’est sans doute inspiré d’un texte commun signé par les 3 sociétés savantes de mathématiques demandant le rétablissement d’une mention de master « mathématiques-informatique » (ou « informatique-mathématiques »), sans cependant utiliser l’argument de la discipline unique.
    La question n’est pas ici celle de la position des mathématiques qui ont naturellement le droit d’avoir un avis sur la question des Mathématiques et l’Informatique. Ce qui est troublant est  qu’ il a paru évident pour les membres du CNESER que l’avis du grand frère suffisait pour en faire l’avis de la fratrie.

    D’un autre côté, on trouve une discipline intitulée « sciences de l’ingénieur ». Cette discipline a une agrégation, ce qui en France est la preuve de son importance. Elle est enseignée au collège et au lycée, ainsi que dans les classes préparatoires. Elle mentionne dans ses programmes, à différents endroits, l’informatique comme étant l’un de ses outils. Elle se définit sans doute plus par ses procédés que par ses connaissances. Le paradoxe n’est pas que cette discipline est aujourd’hui enseignée au lycée alors que l’informatique ne l’est pas ; le paradoxe est que l’une des principales raisons pour laquelle l’informatique n’est pas enseignée est qu’elle apparait, tantôt implicitement, tantôt explicitement, comme étant au programme des sciences de l’ingénieur ou des matières qui sont liées (technologie, au collège). Ce qui n’est pas le cas.

    Ici encore, le grand frère sert régulièrement d’interlocuteur valide, ou du moins validé, et il n’est jamais jugé utile de demander ce que pense la petite sœur…

    L’informatique est une science. Son importance économique et culturelle n’est plus à démontrer. Les débats actuels en France concernant la question de son enseignement resteront faussés si l’on s’entête à vouloir en discuter avec l’un de ses grands frères, voire les deux et ne pas demander son avis à l’intéressée.

    Les informaticiens ont le plus grand respect pour les mathématiques et l’ingénierie qui ont toutes deux eu un rôle fondamental dans la création et le développement de la discipline. Traiter l’informatique comme une science adulte et choisir d’en discuter avec elle et non un grand frère, aussi respectable soit-il, est aujourd’hui une nécessité.

    Colin de la Higuera

     

  • Hollande aussi…

    François Hollande :
    « codage à l’école, tout doit commencer par là et nous allons donner cette impulsion »
    « le codage sera progressivement généralisé »
    et
    « le plus vite possible former les enseignants »

    http://www.cnnumerique.fr/echange-avec-la-salle-lors-de-linauguration-du-us-french-tech-hub-prusa-presidence-de-la-republique

    Voir l’extrait:

    Philippe Marquet

  • Jospin et Rocard aussi…

    La lettre ouverte à François Hollande, Président de la République, concernant l’enseignement de l’informatique a déjà été signée par des professeurs au Collège de France, des académiciens des sciences, des présidents et directeurs d’universités, d’instituts, de laboratoires, de centres INRIA, d’Ecoles, des industriels, des responsables d’associations, des enseignants, chercheurs, enseignants-chercheurs, techniciens, ingénieurs, et… deux anciens Premiers Ministres (Lionel Jospin et Michel Rocard).

    Jean-Pierre Archambault, Président de l’EPI
    (Association Enseignement Public et Informatique)

     

  • Les blagues sur l’informatique #1

    Une blague d’informaticiens que vous ne comprenez pas?
    Un T-shirt de geek incompréhensible?
    Binaire vous explique (enfin) l’humour des informaticien(ne)s!

    Dans le monde, il y a 10 catégories de personnes : celles qui connaissent le binaire et celles qui ne le connaissent pas.

    Pour commencer cette série d’explications sur les blagues liées à l’informatique, voici évidemment la blague la plus connue sur le binaire. Pour le commun des mortels, 10 représente la valeur dix, c’est-à-dire 9+1. En effet, depuis notre enfance, nous utilisons pour représenter les nombres et pour compter la base 10. Ainsi


    2014 = 2 × 103 + 0 × 102 + 1 × 101 + 4 × 100.
    Les ordinateurs (et donc souvent les informaticiens) préfèrent la base 2 (pour les nombres entiers). L’idée est la même. On appelle cela la numérotation de position ou notation positionnelle.

    11111011110=
    1 × 210 + 1 × 29+
    1 × 28 + 1 × 27+
    1 × 26 + 0 × 25+
    1 × 24 + 1 × 23+
    1 × 22 + 1 × 21+
    0 × 20 =
    1024+512+256+128+64+16+8+4+2 =2014
    Maintenant, revenons à la blague et considérons non pas 10 écrit en base 10, mais en base 2, cela donne donc 21+0=2 catégories de personnes, celles qui connaissent le binaire et celles qui ne le connaissent pas.
    Et maintenant, vous êtes dans la première catégorie!

    Voir aussi Nom de code: binaire.

    Sylvie Boldo

  • Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République

    Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République, concernant l’enseignement de l’informatique

    Monsieur le Président,

    L’informatique a donné naissance à une industrie du même nom, puis à une culture qui a pris une place considérable dans notre société, le numérique. La politique volontariste, la formation au numérique et par le numérique, que vous avez voulue, a pour but d’accompagner l’entrée de notre pays dans le monde du numérique. Cette politique n’a une chance de réussir que si elle s’accompagne d’un développement massif de l’enseignement de l’informatique qui est la clé de la compréhension du monde numérique en construction.

    Mais, au-delà de cette nécessaire compréhension par chaque citoyen du monde dans lequel nous vivons, la France doit aussi former des ingénieurs et des scientifiques qui ne sachent pas seulement utiliser des outils numériques mais qui sachent aussi en développer. Il en va de la compétitivité de nos entreprises. Il en va de notre capacité à rester à la pointe de l’innovation. Il en va du combat essentiel que vous menez pour l’emploi.

    Vos homologues chefs d’état et de gouvernement Barack Obama et David Cameron se sont exprimés publiquement pour inciter leurs jeunes compatriotes à apprendre à programmer, à apprendre l’informatique. Ce mouvement se renforce dans de nombreux pays, en Finlande, en Israël, en Corée, etc. La France ne peut pas rester à la traine.

    Un enseignement a été créé à la rentrée 2012 en Terminale S et des initiatives importantes ont été prises récemment par le Ministre de l’Education Nationale, notamment pour les Classes préparatoires aux grandes écoles. Mais cet effort ne suffira pas à placer notre pays dans le peloton de tête des nations qui décideront de l’innovation. Cet enseignement est notoirement fragilisé par la pénurie d’enseignants bien formés en informatique. Cela ne peut surprendre, il s’agit là d’un effort considérable à réaliser dans des temps de contraintes budgétaires. C’est bien pourquoi seule une parole publique forte peut permettre de donner sa dimension nécessaire à un tel programme.

    Monsieur le Président, nous comptons sur vous. Vous pouvez décider

    • d’accorder à l’informatique sa place dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture de l’éducation nationale,
    • de faire entrer l’informatique en tant que discipline à part entière dans le système éducatif français, avec des initiations à l’école
      primaire et une entrée dès le collège,
    • de créer un Capes et une Agrégation d’informatique, et ainsi un corps
      enseignant de jeunes diplômés en informatique issus de nos Universités et de
      nos Écoles.

    L’enseignement de l’informatique peut et doit devenir le fleuron de l’éducation nationale, l’étendard de votre action de modernisation de notre pays.

    La Société informatique de France vous invite à découvrir les premiers signataires, à signer et à faire signer cette lettre dans cette page.